Les religions et le salut, Communio 21/2 (1996)Dominique Poirel: Entre le péché des hommes et le salut du Christ, pp.9-13, ici: 11-3Salut et péché dans le christianisme: Dans le christianisme, ce n'est pas l'homme qui tente de s'élever versDieu, c'est Dieu qui descend et rejoint l'homme. Dans le christianisme, comme dans la religion mosaïque,l'initiative appartient toujours à Dieu. C'est Dieu qui, par sa gratuite condescendance, vient au devant d'unhomme bridé dans son élan religieux par la pesanteur du péché, de sorte que sans cette initiative divine, larencontre n'aurait jamais eu lieu. De cette originalité première découlent d'autres différences caractéristiquesde la doctrine chrétienne du salut et du péché:l) Tandis que les autres religions proposent un idéal moral, difficile à rejoindre, mais à peu prés réalisable, laloi mosaïque, et à fortiori la loi évangélique, sont au-dessus des forces humaines: 'Soyez parfaits commevotre Père des Cieux est parfait' (Mt 5,48). Le christianisme est la seule religion qui exige de l'hommel'impossible.2) Aussi la loi évangélique pourrait-elle à juste titre sembler inhumaine, et ne l'est-elle pas en un sens? s'ilincombait à l'homme de se sauver lui-même; mais c'est là un autre trait distinctif du christianisme: Dieu seulsauve. Pourtant, Dieu ne sauve pas l'homme sans l'homme, puisque Dieu sauve l'homme en se faisanthomme. Par miséricorde, Dieu donne à l'homme d'accomplir toute justice.3) Dieu sauve l'homme à travers une histoire: l'Exode, Pâques, le baptême, mes chutes et mes relèvements,les interventions salutaires de Dieu n'ont pas lieu en dehors du temps humain. Alors que les autres religionssont souvent rythmées par des cycles saisonniers, l'histoire sainte et par suite la liturgie chrétienne sontponctuées par des événements historiques qui marquent une progression, depuis la création et la chutejusqu'à la résurrection du Christ et la nôtre. D'où les notions typiquement chrétiennes d'économie et d'histoiredu salut.4) Le salu...
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