Jean-Luc Marion: Après Ecône, Communio 1/8 (1976) 87-91Cardinal Villot: “L'heure n'est pas à la polémique, elle est à la charité et à l'examen de conscience”. Alors quel'affaire Lefèbvre disparaît de la une [TF1] et des journaux, le problème qu'elle pose demeure et requiert uneméditation approfondie. Quand une situation fausse s'est créée, il n'est pas bon de se déterminer d'après lestermes qu'elle a suscités. Le critère décisif de la foi n'est pas de savoir si l'on est 'pour ou contre' le port de lasoutane, le latin liturgique, le chant grégorien, même Vatican II, tout étant confondu. Ou les réponses s'imposentd'elles-mêmes (comment peut-on être contre un concile oecuménique? ou elles restent vraiment facultatives (lesalternatives ne sont-elles pas absurdes?). L'affaire d'Ecône, qui vient de bénéficier de l'actualité creuse de l'été,crée l'une de ces situations fausses. D'ailleurs un indice le confirmerait: la presse a accueilli ce qui venaitd'Ecône avec la même partiale bienveillance dont elle gratifiait les autres extrêmes. Traditionalistes etprogressistes jouent en l'occurrence le même rôle: affaiblir l'autorité de l'évêque de Rome et donc la catholicitéde l'Eglise. Voilà qui mérite qu'on y réfléchisse sérieusement, car au bout du compte, la victime est toujoursl'Eglise, c-à-d. en chacun de nous le Christ.Cette réflexion, l'a-t-on assez faite chez ceux qui fondèrent la Fraternité St-Pie Christ voici bientôt 6 ans? Ceuxqui se sont appropriés la tradition, en croyant la défendre, n'ont peut-être pas songé que ce n'est pas nous qui ladéfendons, mais elle qui, nous précédant et nous engendrant dans la foi, nous défend, et d'abord contre nous-mêmes. La tradition ne se livre à nous et ne nous délivre de nous-mêmes que pour nous permettre de nous livrerà Dieu. Aussi réclame-t-elle, en retour, un abandon confiant. Ce qui nous est donné nous dépasse. Rien de plusmaladroit que de confondre la tradition avec des habitudes et des coutumes souvent fort récentes dont noussomm...
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