Brenda M. Bolton et Paul Gerrard: CLAIRE EN SON TEMPS, Communio 20/3 (1995) 121-32Claire d'Assise (1193/4-1253) a dû faire face à des problèmes qu'il n'était plus possible d'éviter. Commentconcilier la croissance économique rendue manifeste par une nouvelle circulation monétaire, de nouvellesvilles, de nouveaux commerces, avec le ferment du renouveau spirituel qui lui était contemporain? Unepopularité croissante entourait le désir de vivre selon l'Esprit une vie comparable à celle des apôtres. Commentla noblesse et la bourgeoisie marchande de ces cités à la prospérité croissante pouvaient-elles servir le Christsur ce mode? Quelles conséquences en tirer si cet appel les conduisait à s'écarter du point de vue de l'Église dutemps, représenté par son chef terrestre, le pape?François d'Assise (1182-1226) est l'exemple le plus connu de ce défi, mais on peut mieux en comprendre lesenjeux par Claire, parce qu'il était encore plus difficile à des femmes de répondre à ce dilemme. L'inspirationapportée par François était si radicale qu'elle ne fut guère conservée au-delà du 13e siècle. Claire, en revanche,par son approche plus tranquille et plus circonspecte (qualité ou défaut féminin) a dû exercer une influence plusétendue et de plus longue durée, qu'il ne faudrait pas sous-estimer sous prétexte qu'elle n'aurait atteint que lesmilieux féminins de son temps. D'abord dans l'ombre de François, lorsque Claire décida de suivre son genre devie, elle exerça une influence d'autant plus forte qu'elle sut se montrer en harmonie avec les préoccupationsféminines. Cette influence dura pendant plus longtemps, non pas seulement parce qu'elle survécut à François,de 1226 à 1253, quasiment la durée d'une génération. Beaucoup conservèrent pieusement ses lettres et ceux quireçurent en dons des objets personnels de Claire sentaient la bénédiction de sa présence.La Forma vitae écrite par François pour la communauté de Claire, tout en ayant été reçue avec reconnaissance,limitait étroitement l'actio...
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