A-D SERTILLANGES: CE QUE JÉSUS VOYAIT DU HAUT DE LA CROIXParis, Revue des Jeunes, 1924 (extraits)Dans les 7 paroles se concentre tout ce qui intéresse le monde et les âmes: par ces 7 portes, l'esprit peut accé-der à tout. Jésus parle pour remplir son office de docteur et de pasteur; Il se tait pour jouer son rôle de vic-time; dans les 2 cas, chef qui s'exprime ou agneau qui se tait, il garde sa lucidité universelle.Jésus est chargé de sa croix. Il porte au cou la pancarte de 60 cm, blanchie à la chaux, qui sera clouée poursignifier au public la nature du crime. Il marche derrière un centurion à cheval, escorté de soldats, en compa-gnie des 2 voleurs, et précédé, suivi, entouré d'une foule ou curieuse ou hostile.Le Calvaire n'est pas une montagne, pas même une colline, c'était une légère protubérance rocheuse mode-lant à l'est la colline du Gareb. De telles excroissances sont fréquentes aux flancs des collines judéennes;mais celle-ci est caractéristique, ce qui lui a fait donner par excellence le nom de crâne, et à l'endroit où ellepointait celui de Golgotha, lieu du Crâne, en latin Calvaria. Non que sa forme eût avec celle d'une tête uneressemblance quelconque, mais parce que dans le vocabulaire plus qu'imagé des langues orientales, le mottête, ou crâne est classique pour désigner une avancée de terrain en saillie quelle qu'en soit la forme, une tur-gescence latérale, un ressaut.Voici la croix. C'est une poutre équarrie avec une pièce transversale. Elle a 3 mètres de haut; car Rome ex-hibe ses condamnés pour l'exemple. Jésus fait allusion à cet exhaussement quand il dit: 'Si Je suis élevé deterre, J'attirerai tout à Moi' (Jn 12,32). D'une intention infamante, Il tire une gloire.On ne pouvait indéfiniment allonger la poutre, car il la fallait solide et il était convenu que le condamné laportait. Il y avait une limite de poids; il y avait des nécessités d'équilibre et de manoeuvre; engager l'épauletout contre le croisillon était possible; mais laisser traîner le bois ...