Eugenio Corecco: Structure et articulation du pouvoir dans l'Eglise, Communio 9/5 (1984) 104-19L'Eglise accomplit la mission qu'elle a reçue du Christ en exerçant un pouvoir hiérarchique. Le cas limite declercs excommuniés a montré que ce pouvoir soulevait maints problèmes techniques et théologiques. On futamené à distinguer entre le pouvoir conféré par le sacrement de l'ordre, et le pouvoir de juridiction qui per-met de réaliser concrètement l'unité de l'Eglise. Distinction purement formelle, ou aussi matérielle? Une so-lution nouvelle est ici proposée à partir de l'indissoluble unité du sacrement et de la parole, solution qui per-met de mieux comprendre l'ouverture de Vatican II en direction des Eglises séparées de la communion avecRome.1. Préliminaires historiques: La distinction entre ordre et juridiction est le résultat d'une réflexion depuis unmillénaire, élaborée pour résoudre 2 problèmes constitutionnels: celui de la validité des actes sacramentelsfaits par des ministres qui auraient rompu avec la communion ecclésiale, et celui de la validité des ordina-tions qui prévalurent dans la pratique de l'Eglise latine malgré l'interdiction du concile de Chalcédoine (can6). Qu'un évêque excommunié ou déposé ne puisse plus être considéré comme pasteur légitime du peuple deDieu ne fut jamais mis en doute, pas même dans les premiers siècles. Par contre, il fut plus difficile de déter-miner s'il pouvait encore baptiser et consacrer validement, tant que Gratien et les décrétistes n'eurent pasréussi à distinguer, dans l'activité des ministres, 2 pouvoirs: un pouvoir d'ordre et un pouvoir de juridiction.Notez que ces 2 pouvoirs diffèrent, tant par la modalité de transmission que par leur stabilité et leur fonction.A partir de la scolastique commença à prévaloir l'idée que le pouvoir d'ordre avait pour objet le corps réel duChrist, tandis que le pouvoir de juridiction avait pour objet le corps mystique du Christ, entendu de manièreréductive comme le domaine extra-sacramentel...