DOSSIER LA PATERNITETony Anatrella: Malaise dans la paternité et sur la valorisation maternelleCommunio 27/5-6 (2002) 123-47[138-40] Il est néfaste de penser qu'il serait impossible d'évoquer la paternité de Dieu sous le prétexte qu'unepersonne, enfant ou adulte, n'a pas vécu une relation positive à son père. Une déficience paternelle ne justifiepas le fait d'amputer le discours chrétien de sa réalité fondamentale.Nous sommes tous des fils, de père en fils, car nous ne sommes pas à l'origine de la paternité: L'institution dela paternité en Dieu est un des fondements du message évangélique. C'est le Christ, dans l'évangile, qui posel'existence de la paternité divine. Il est Lui-même le Fils du Père des cieux qui, à travers lui, devient le Pèrede ceux qui le suivent par la grâce du baptême. Tel est le sens du Pater Noster (Mt 6,9) qu'Il enseigne à sesdisciples et qui rappelle ce lien essentiel entre l'homme et Dieu.Dieu a engendré son Fils et le fait exister en se donnant à Lui. Le Christ nous fait entrer dans cette relation àson Père par le baptême. Il n'y a que le Christ qui soit Fils de Dieu et c'est par Lui que nous avons part à cettedignité de fils de Dieu. Il est allé vers ceux qui n'étaient pas et ne pouvaient pas être les enfants de Dieu etleur a donné ce qui lui revient en propre: “ceux qui l'ont accueilli, ceux qui croient en son nom, il leur adonné pouvoir de devenir enfants de Dieu” (Jn 1,12). Il s'agit d'une révélation, d'un accueil de cette parole etd'un don reçu de filiation.L'affirmation de la paternité divine implique dans l'évangile 2 conséquences: 1° la parenté charnelle s'entrouve relativisée. L'acte de foi en Dieu Père l'emporte sur les liens du sang: 'Qui aime son père ou sa mèreplus que moi n'est pas digne de moi' (Mt 10,37) et de façon plus décisive: 'celui qui vient à moi, s'il ne haitpas son père et sa mère, ne peut être mon disciple' (Lc 14,26). Jésus ne demande pas la haine, mais ledétachement, complet et immédiat (Lc 9,57-62). Il donne lui...