Jean-Robert Armogathe: Du corps malade au corps mystique, Communio 9/5 (1984) 4-10De diverses manières, les sacrements se rapportent au corps, corps baigné, oint ou nourri. Cette sollicitude del'Eglise pour le corps se déploie dans les liturgies rituelles, qui sont une catéchèse explicite du sacrement. Lesacrement des malades en apporte la plus manifeste démonstration. Jésus a consacré tant de temps auprès desmalades; il a compati, dans sa sensibilité comme dans sa chair, avec eux; il leur a parlé, leur a imposé lesmains, les a réconfortés et guéris (sans oublier jamais leur entourage). La guérison est le signe le plusfréquent que Jésus propose à ceux qui le suivent ou le contestent; c'est aussi l'une des missions les plusexplicites qu'il confie aux siens: 'II les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons' (Lc 9,2).Il ne tient pas un autre langage pour décrire 'les signes qui accompagneront ceux qui auront cru': 'ilsimposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris' (Mc 16,18).L'exercice de cette fonction tient encore une grande part dans l'activité apostolique, Marc mentionne 'desonctions d'huile' à cette occasion: 'Ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d'huile à denombreux infirmes et les guérissaient' (6,12). Ce passage et un texte de Jacques (5,14) constituent les 2 basesbibliques classiques du sacrement des malades; mais il faut être attentif à la prudence montrée par lemagistère à cet égard1.Sacrement de guérison:La lecture des débats à la 14e session du concile de Trente (16-25.11.1551) est fort instructive:1° le sacrement des malades apparaît en parent pauvre: 9 théologiens seulement sur les nombreux expertsréunis s'y intéressent.2° il est traité conjointement avec le sacrement de pénitence, le rapprochement n'est pas fortuit.3° à la lecture des débats, on perçoit les réserves des théologiens et des pères devant les fruits de guérisoncorporelle du sacrement, ce qui s'explique par les attaques dont il était l'ob...