Charles Moeller: Mentalité moderne et évangélisation, Bruxelles, Lumen Vitae, 1955SECTION I - LE DIEU DES PHILOSOPHES36-9: Platon: “Il faut aller à la vérité avec toute son âme n trouve son sens plénier à propos de Dieu, puisque,en Lui seulement, la vérité se réalise en sa plénitude”. Dieu n'est pas dans l' ordre du ‘vérifiable’; Il n'est pas àclasser dans le domaine de ‘l'avoir’, mais dans celui de ‘l'être’, du ‘mystère’. En d'autres termes, celui quiposerait à Dieu ses conditions, en l'obligeant en quelque sorte à se conformer à un schéma de vérificationétabli d'avance, se condamnerait d'emblée à ne jamais le reconnaître.Un exemple. Supposons un malade qui prie Dieu de le guérir. Deux éventualités peuvent se produire, laguérison ou la non-guérison. Dans le premier cas, le malade sera tenté de conclure à l'existence de Dieu,puisqu'il a été guéri; dans le second, il conclura que Dieu n'est pas, puisqu'il n'a pas été guéri. Le raisonnementest faux dans les 2 cas: il l'est, dans le premier, pour une double raison: jamais le miracle n'a eu pour but deprouver l'existence du Dieu de la nature, mais seulement d'attirer l'attention de celui qui cherche sur laprovidence surnaturelle qui mène le monde et qui, en certains cas, suite à la prière, se laisse entrevoir; ensuite,la certitude de l'existence de Dieu qui se fonderait uniquement sur une guérison obtenue serait entachée decette faiblesse que Bergson nomme ‘religion close’; elle risquerait de ne pas dépasser le plan de la ‘magie’ oude la religion du ‘donnant-donnant’. La conclusion négative, en cas de non-guérison, serait entachée de lamême caducité: les innombrables hommes qui concluent à l'inexistence de Dieu à partir du fait que ‘Dieulaisse faire les guerres" et ne les empêche pas, sont de ce type, une religion anthropomorphique. Si l'on setourne vers Dieu dans l'espoir d'augmenter un ‘avoir’ que l'on pourrait calibrer, inventorier, mesurer, l'échecest inévitable. A ce titre, la démarche proprement scientifique, légi...
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