Jean Valarché: La doctrine pontificale du travail de Léon XIII à Jean-Paul II, Communio 9/2 (1984) 48-58Les encycliques sociales ne forment pas seulement un tout cohérent car la continuité de Rerum novarum àLaborem exercens n'exclut pas une constante adaptation aux conditions historiques du travail humain. Tout ce quiest humain concerne l'Église. Il est donc normal que son chef se prononce sur les problèmes que rencontre l'huma-nité en quête de sa subsistance. Il le fait systématiquement depuis un siècle. Jean-Paul II appelle Léon XIII "legrand pontife de la question sociale". Les successeurs de ce grand Pape ont suivi son exemple. Même si l'évolutionde "ces choses nouvelles" (comme disait Léon XIII) a amené Jean-Paul II, 90 ans après Rerum Novarum, à orien-ter différemment Laborem exercens il s'agit dans les 2 cas d'exposer les conditions chrétiennes de l'activité écono-mique. Cherchons dans quelle mesure il y a continuité et dans quelle mesure il y a changement, et pourquoi JeanPaul II a jugé nécessaire de mettre le travail au centre de l'attention des hommes de bonne volonté.Les encycliques décrivent l'évolution des faits économiques et soulignent ses répercussions sur notre vie matérielleet spirituelle; nous suivrons la même méthode et traiterons les problèmes en nous référant à 4 encycliques: RerumNovarum (1891), Quadragesimo Anno (1931), Mater et Magistra (1961), et Laborem Exercens (1981).1. Le rôle du travail dans la fonction productive: Dans l'économie moderne, tout objet est produit, tout service estrendu à partir d'une combinaison de ressources productives qui est constamment modifiée. Le sens du changementreste le même depuis des siècles: la part du travail diminue par rapport à celle du capital. Défini comme un bien deproduction produit, le capital n'est jamais que du travail hérité, et celui-ci a suffisamment grossi au cours du tempspour remporter sur le travail neuf. Sous sa double forme d'instruments matériels et de connaissances techniques, ilcompte...
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