Florent Peeters: 'L'anticolonialisme en politique mondiale, Justice dans le monde 4/2 (1962-3) 161-80Chaque définition de 'colonie' est liée à une méthode d'interprétation des faits. Le mot 'colonialisme' a un sensdéfavorable, contient un sous-entendu de condamnation. Mais si ce mot vaut pour plusieurs systèmes de poli-tique coloniale et plusieurs doctrines coloniales différentes, on ne peut pas intégrer dans ce mot une notion quiéquivaudrait à une appréciation de valeur. Les défenseurs de la liberté humaine devraient alors enrichir le mot'démocratie' d'un jugement de valeur négatif, parce qu'il y a des démocraties populaires, qui foulent aux piedsles droits de l'homme. Les défenseurs d'un système colonial humain devraient abandonner l'usage du mot 'colo-nie', parce que le mot les condamne. La propagande anticolonialiste a réussi à rétrécir le sens du mot 'colonie'jusqu'à en faire un synonyme de banditisme exploiteur. Il en va de même pour beaucoup de mots qui sont vic-times d'un impérialisme philologique: les mots 'bourgeois, réactionnaire, capitaliste, pacifiste, belliciste, etc...Les socialistes ont un système de politique et de théorie coloniales qui leur sont propres, par conséquent, ilexiste un colonialisme socialiste dont la définition est la suivante: "c'est un colonialisme, qui rejette toute colo-nisation de pays, où la formation d'une classe de prolétaires n'est pas possible, mais qui ne sont conquis quepour l'exploitation capitaliste des autochtones". Est-ce que ce colonialisme socialiste doit aussi être condamnéau nom des principes anticolonialistes, ou bien la version socialiste du colonialisme est-elle l'anticolonialisme?La définition du colonialisme socialiste est une définition per negationem, elle dit ce que le colonialisme socia-liste n'est pas et non pas ce qu'il est positivement: "Où la formation d'une classe de prolétaires est possible" nedit rien sur les relations entre les prolétaires coloniaux et les indigènes, entre la métropole et le territ...