Lecomte du Noüy Pierre: L'homme devant la science, Paris, Flammarion, 1946, 281p (extraits)87: L'esprit humain veut comprendre. Il ne peut comprendre qu'en simplifiant. Car toute simplification estarbitraire et nous écarte de la réalité. En essayant de comprendre, l'homme s'éloigne donc toujours du problèmequ'il se propose d'étudier. Une sensation, conçue atomistiquement, n'a plus aucun sens. Le besoin d'unifier, dedécouvrir les éléments communs à tous les phénomènes entraîne l'homme, malgré lui, dans un domainedifférent de celui qu'il voulait explorer. Mais dans cette course vers l'unité, il réussit parfois à dégager des loisgénérales, des principes, qui, tout au moins en ce qui concerne la matière inorganisée, présentent un très grandcaractère de généralité et une ampleur impressionnante.162-4: H. Poincaré: Science et Méthode, 44: "L'expression 'Lois du Hasard' ne signifie pas nécessairementabsence de lois, mais lois dont les effets sont d'une complexité telle que leur analyse détaillée nous échappecomplètement et que nous ne pouvons guère saisir que des tendances générales résultant d'un très grand nombred'effets partiels qui se compensent en partie". E. Borel : Le Hasard, 7: "La caractéristique des phénomènes quenous appelons fortuits, ou dus au hasard, c'est de dépendre de causes trop complexes pour que nous puissionsles connaître toutes et les étudier." Cette façon de voir consiste donc à blâmer l'infirmité de nos sens et de notreintelligence et à les rendre responsables de la nécessité où nous nous sommes trouvés d'avoir recours au calculdes probabilités: Il y a des lois multiples qui nous échappent, mais cela n'a aucune importance puisqu'à notreéchelle, tout se passe comme si ces lois n'existaient pas, et comme si le hasard seul était le facteur primordial.Or, la question peut se poser de savoir si ces lois élémentaires qui nous échappent sont elles-mêmes des lois duhasard ou si elles expriment au contraire un ordre préétabli. De 2 choses l'une: ou bien, con...