Georges Delcuve: PLATO, in: Au seuil du christianisme: Platon, S. Augustin, Pascal, Newman, Blondel.Paris, Ed. univ, Cahiers de Lumen Vitae, 1952, Bruxelles-Paris (extrait)Euthydème: Est-il vrai, Clinias, que nous autres hommes, nous voulons tous être heureux? Mais n'est-ce pasune de ces questions qu'il est ridicule de poser ? Qui, en effet, ne désire être heureux?Tout le monde le veut, répond Clinias.Ce point admis, Socrate cherche avec son interlocuteur les conditions du bonheur. Je résume: d'après le senscommun, il faut posséder une foule de biens, les uns matériels: richesses, santé, beauté; les autres spirituels:tempérance, justice, courage; mais la possession ne suffit pas: nous ne serions pas heureux si nous avions unmonceau d'or auquel nous ne pourrions toucher; il faut donc avoir aussi l'usage, la jouissance des bienspossédés; - encore, un usage quelconque ne suffit-il pas; il faut le bon usage; sinon, les richesses et les talentsnaturels eux-mêmes tourneraient à notre détriment; - mais, dans tous les domaines, observe Socrate, le bonusage dépend d'une compétence, d'une science. De quelle science dépend donc le bon usage de toutes chosesqui doit nous assurer le bonheur?L'élimination d'une série de savoirs et d'arts oriente l'adolescent vers la sagesse, la philosophie. Clinias, commetous les hommes, aspire au bonheur. Il en sait maintenant le chemin: c'est la philosophie.Reproche que Socrate adresse au jeune Hippocrate qui veut à tout prix devenir disciple du sophiste Protagoras:"Eh bien, comprends-tu maintenant à quel péril tu es sur le point d'exposer ton âme? Avant de confier ton corpsà quelqu'un, s'il devait en résulter pour toi un grand risque, tu examinerais longuement le parti à prendre et tudemanderais conseil... Et quand il s'agit d'une chose, plus précieuse que ton corps, quand il s'agit de ton âme,dont dépend, selon qu'elle sera bonne ou mauvaise, ton bonheur ou ton malheur, dans ce cas, tu ne consultespersonne!" (Protagoras 31a-b). ('Que sert à l...