Marie-Vincent Bernadot, o.p.: Notre Dame dans ma vie, Cerf, 1937Ste Gertrude, énumérant les vertus que lui obtint Marie, parle d'abord de l'humilité: Il faut toujours revenir àl'incarnation. Point de départ du mystère du Christ, ce mystère tient dans notre vie spirituelle une place capitale.Bérulle: "L'incarnation est un mystère liant Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, et il se faut lier à ce mystère... ilest efficace et opérant, et il en faut porter et recevoir les fruits et les opérations. Or, la grâce qui appartient àl'incarnation est une grâce de dénuement et de croix, une grâce d'arrachement et d'anéantissement à soi-même".Marie fut pénétrée de cette grâce. Sa haute foi l'éclairait sur la grandeur divine et, par reflet, sur son proprenéant. Christ à Catherine de Sienne: "Sais-tu qui tu es et sais-tu ce que je suis? Je suis Celui qui est et tu es cellequi n'est pas". Personne n'a mieux compris ni mieux aimé cette vérité que Marie. Dieu était tout: elle n'étaitrien. Cela, non seulement Marie le voyait, mais l'aimait. Elle vit clairement qu'elle n'était que ce que Dieuvoulut qu'elle fût. Elle aimait cette dépendance absolue. Avec cette lumière, aucun mouvement de complaisancefut impossible; elle était loin de toute appropriation spirituelle. Comme sa pureté la met à l'abri de tout plaisirsensible, son humilité la met à l'abri de tout plaisir spirituel. C'est la femme pauvre d'elle-même, dépouillée desoi, désappropriée de soi. Toute à Dieu, toute tournée vers Dieu, elle attend Dieu. C'est pourquoi l'ombre duTrès-Haut la couvre et qu'elle conçoit le Verbe. S. Bernard: "Elle a plu à Dieu par la virginité, c'est parl'humilité qu'elle l'a conçu".L'humilité nous met à notre place devant Dieu. Elle est la base de toutes nos relations avec Dieu: les saintsdisent: c'est le lieu où Dieu distribue sa grâce. Que pourraient faire les sacrements dans une âme préoccupéed'elle-même qui ne serait pas persuadée de sa misère? Presque rien. S. Thomas, 2-2, 161, 5 ad 4: "L'humilité est...
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