Ugo Vanni: Le combat contre un monde étranger: la persécution dans l'Apocalypse,Communio 12/2 (1987) 32-471. Persécution ou hétérogénéité?L'opinion courante, selon laquelle l'Ap aurait été un traité de consolation pour des chrétiens en proie à degraves difficultés ou un manuel de survie adapté à un temps de persécutions, doit être repensée pour 2raisons: Si, comme l'admet la majorité des commentateurs récents, on situe la composition de l'Ap, en sefondant sur le témoignage ancien d'Irénée [Adversus Haereses 5:30:3: il situe la vision de Jean à Patmos versla fin du règne de Domitien]. Or cette expérience ne coïncide pas forcément avec la rédaction du livre, quipeut être datée plus tard, vers la fin du règne de Domitien (+ 96), alors ce ne fut pas pendant une période depersécutions. P. Prigent a montré qu'à l'époque probable de la composition de l'Ap, on pouvait tout au plusdéceler la tension croissante qui devait déboucher plus tard sur un durcissement violent dans les rapportsentre les chrétiens et l'empire, mais sans qu'il y ait une persécution active. La vie chrétienne à laquelle seréfère l'Ap n'est pas présentée ni conçue dans la perspective d'un martyre imminent, sauf quelques casrelativement isolés, même s'ils sont significatifs [typique est le cas d'Antipas à Pergame. Il est dit à l'Église:'Tu n'as pas renié ma foi, même aux jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui fut mis à mort chez vous, dans cepays de Satan'. (2,13). Les 'jours d'Antipas' apparaissent comme un temps exceptionnel, différent de celuidans lequel l'Église va habituellement].Cette observation amène à approfondir la 2e raison qui conduit à penser à une absence de persécution aumoins dans une phase active au moment de la composition de l'Ap: l'auteur, qui destine son ouvrage à unelecture liturgique, cherche à stimuler ses auditeurs. Il leur propose de suivre un itinéraire bien défini: dans lapremière partie (I,4-3,22), ils devront se laisser purifier et vivifier par le Christ ressuscité, dont la p...