Henry Donneaud: Le purgatoire: pour faire peur, Communio 20:1 (1995) 13-55, ici: 43-55Naissance du purgatoire: Thèse moderniste: 'Le purgatoire est né au 12e siècle'. Certes, le substantifpurgatoire n'apparaît qu'au Moyen Âge. C'est une réalité mystérieuse que la foi juive puis chrétienne acherché lentement à cerner. Une représentation particulière en fut donnée à partir du 12e siècle, dès lors cetteréalité fut spatialisée, territorialisée, figurée, aménagée par les soins conjugués de la théologie et de la piétémédiévales. Cela dit, le purgatoire est aussi vieux que le coeur de la foi chrétienne. Il n'en fut jamais unedonnée centrale mais appartient de plein droit au regard que le chrétien peut porter sur sa destinée, surtoutsur le don de la miséricorde divine. Car le purgatoire est vraiment une invention de la miséricorde divine; iln'est pas né ailleurs.Dans l‘Ancien TestamentNi le mot ni la notion de purgatoire ne sont présents dans l‘Ancien Testament. Pourtant, à l'époque de Jésus,la foi juive, dans sa composante pharisienne majoritaire, en possédait déjà la réalité. C'était là le résultat d'unlong cheminement qu'il convient de relier l'évolution plus large des représentations juives de l'au-delà. Lepurgatoire ne pouvait trouver aucune place dans la conception traditionnelle du shéol, ce royaume desombres où descendent toutes les âmes après la mort, rendez-vous de tous les vivants qui n'en remonterontjamais (Job 30,23; 7,9), le shéol est une puissance aveugle, indifférente à la conduite morale et religieuse desvivants. Il ne réserve aucune espérance de vie nouvelle, pas plus aux bons qu'aux méchants. L'idée dejugement personnel ou de purification après la mort n'avait aucun sens, dès lors que tous étaient voués aumême sort.L'idée de résurrection se développa progressivement partir de l'exil à Babylone, d'abord appliquéefigurativement au peuple de Dieu relevé de sa ruine et de sa dispersion, puis, de plus en plus nettement, ausort individuel des justes, de tous ce...