Bruno Neveu: L'exercice du MagistèreCommunio 20/6 (1995) 111-37, ici 129-37Les vérités connexes à la révélation: Si le problème du fait dogmatique textuel ne se pose pas aujourd'hui avecacuité, il n'en va pas de même pour des réalités théologiques voisines, par exemple les vérités philosophiquesnécessaires à la présentation du dépôt de foi, ou encore, dans le cas par exemple de Veritatis splendor, desrègles et des principes moraux qui, sans être inclus dans la révélation, ont avec elle un lien reconnu commeintime, organique.Si l'on se contente d'y voir, une fois proposées par l'Église, des vérités de foi ecclésiastique, auxquellesrépondrait l'acte de foi de ce nom, on reste dans la sphère étrangère au dogme défini et à l'acte de foi divine quilui répond. Mais cette position commode, souvent adoptée par les manuels, se révèle vulnérable à l'examen, onla considère assez généralement comme renversée après les attaques conduites par d'éminents thomistes, lespères Marin-Sola, Guérard des Lauriers et Congar. Nous souscrivons entièrement à ce rejet, fondé surl'insuffisance du motif de croire. Faut-il s'engager alors, touchant les vérités non révélées mais connexes aurévélé, présentées infailliblement, sur la voie exigeante de la foi divine, théologale, ou emprunter celle d'unassentiment religieux plénier, dont le statut n'est peut-être pas aussi nettement arrêté qu'on le souhaiterait?Diverses déclarations récentes venues de Rome apportent des éléments de solution, un peu plus que des indices[cf. Sullivan]. L'assertion la plus frappante, parce qu'elle va seule dans ce sens, sous une forme catégorique, estlivrée par le Catéchisme de l'Eglise catholique, au § 88, 'Dogmes de foi': "Le magistère de l'Église engagepleinement l'autorité qu'il tient du Christ quand il définit les dogmes, c-à-d. quand il propose, sous une formeobligeant le peuple chrétien à une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans la révélation divineou des vérités ayant avec celles-là un lien né...