René Pichon: Histoire de la littérature latine, Paris, Hachette, 1903. L'époquechrétienne (732-779; 826-872)La littérature chrétienne latine ne commence qu'au 3e siècle. Jusqu'alors le christianisme a vécu à Rome, maisconfiné, sauf de rares exceptions, dans les classes inférieures. Ses premiers adhérents, les pauvres et leshumbles, esclaves, affranchis, ouvriers, mendiants, étrangers, ne son. St.gent guère à la littérature. Leurpoésie, naïve et fruste, ne s'épanche que dans les épitaphes des catacombes, des inscriptions gauches etgrossières, sans grammaire, sans style et sans prosodie. A part ces courtes inscriptions, la foi populaire neproduit pas d'ouvrages écrits, mais des actes ou des méditations intérieures. D'ailleurs l'Église de Rome ne parlepas le latin; composée primitivement d'un noyau d'étrangers, grecs, asiatiques, juifs, égyptiens, elle se sert dugrec, plus usité dans cette population cosmopolite. Plus tard seulement les chrétiens d'Occident adoptent l'usagedu latin; encore l'exemple ne vient-il pas de Rome, mais de l'Afrique; ce sont les communautés africaines quiprennent le latin pour langue usuelle, et qui, grâce au génie de leurs docteurs, le font prévaloir en Occident surle grec [la première traduction en latin de la bible, l'itala, semble avoir été faite en Afrique vers la fin du 2e s.].A la fin du 2e siècle s'inaugure, par l'Apologétique de Tertullien et l'Octavius de Minucius Felix, la littératurechrétienne latine: d'abord les apologistes, puis, lorsqu'il s'agit de fixer la foi, les théologiens qui arrêtent ledogme et en tirent toutes les conséquences; ensuite les littérateurs proprement dits, historiens ou poètes, quiveulent que les lettres chrétiennes puissent rivaliser avec celles des païens; enfin les premiers prélats du moyenâge, évêques d'Italie ou de Gaule, hommes politiques et d'études.Caractères: 1° l'instinct pratique, opposé au goût des Grecs pour la spéculation théorique et désintéressée.Tandis que les Grecs, épris de discussions sav...
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