Gérard Cholvy: Au coeur du 19e siècle: Frédéric Ozanam, Communio 8/6 (1983) 68-78La religion passe avant la politiqueEn 1830 Ozanam est "sujet fidèle du roi légitime Charles X" (lettre à Materne). Dans les rangs desvainqueurs il discerne les mêmes hommes qui depuis 15 ans s'affichaient "les insulteurs du clergé, lespersécuteurs des missionnaires... les siffleurs de processions et les chanteurs de refrains où Bérangertravestissait la religion". La leçon qu'il tire des événements c'est que les préférences politiques doivent céderle pas devant le problème religieux. Dès février 1832 il laisse entrevoir que le légitimisme doit tenir comptedu peuple: "Nul doute que le séjour à Paris ne contribue à le détacher de la branche aînée". Le tournant estpris en 1834: "Je ne m'appuierai plus sur... le vieux royalisme". Ses préférences vont dès lors à une"république chrétienne". Il évolue de plus en plus vers la démocratie laquelle il s'est rallié avant 1848: "Nousavons accepté la république non pas comme un malheur des temps auquel il faut le résigner, mais comme unprogrès qu'il faut défendre" (l'Ere Nouvelle le I.3.1848). Ralliement dicté par une double conclusion: l'intérêtsupérieur de la religion et la question sociale.La question socialeLe 13.11.1836 à propos de l'utilité possible de la Société de St-Vincent de Paul: "La question qui divise leshommes de nos jours n'est plus une question de forme politique, c'est une question sociale, c'est de savoir sila société ne sera plus qu'une grande exploitation au profit des plus forts ou une consécration de chacun pourle bien de tous... Il y a beaucoup d'hommes qui ont trop et veulent avoir encore; il y en a beaucoup plusd'autres qui n'ont pas assez, qui n'ont rien... Entre ces 2 classes d'hommes, une lutte se prépare... d'un côté lapuissance de l'or, de l'autre la puissance du désespoir. Entre ces 2 armées ennemies... notre titre de chrétiensnous rend obligatoire... le rôle de médiateur". Entre le libéralisme économique et le dirigis...