Richard Gräf: Ita Pater. Oui, Père"Il ne s'est jamais cherché lui-même" (Rm 15,3), n'ayant qu'un souci, les hommes, ne vivant que pour autrui:c'était là sa vocation. A Gethsémani, accablé sous le poids de la souffrance, il n'oublie pas ses disciples:"Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation" (Mt 26,41). "Si c'est moi que vous cherchez, laissez allerceux-ci" (Jo 18,8), dit-il aux soldats qui viennent l'arrêter. Sur le chemin du Calvaire, il console les fillesd'Israël qui le suivent: "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants!" (Lc 23,28); inutile deverser des larmes à mon sujet, je suis dans la volonté de mon Père; c'est sur vous-mêmes qu'il faut vousapitoyer, puisque, au lieu de suivre les voies divines, vous suivez celles de la perdition. Même sur la croix,alors qu'il se sent complètement abandonné, Il ne s'absorbe pas dans sa propre douleur; il est sensible auxbesoins d'autrui, pense à nous tous (Jo 19,26), comme il pense au larron (Lc 23,43), il prie même pour sesbourreaux (Lc 23,24). Bien qu'il n'eût rien à espérer des hommes, Il resta avec eux, tout le temps fixé par sonPère, jusqu'au moment où il put dire: "j'ai achevé l'oeuvre que vous m'avez donné à faire" (Jo 17,4)."Voici le temps favorable, voici le jour du salut" (2 Co 6,2): Il n'est pas, au ciel, sur terre et sous terre,d'action plus éclatante que l'accomplissement de la divine volonté. La sainteté ne consiste pas à faire deschoses extraordinaires; elle est dans le fidèle accomplissement du devoir, dans la fidélité aux petites choses.Il faut accomplir sa tâche ordinaire d'une façon extraordinaire, à savoir, en parfaite union avec la volontédivine et avec une entière soumission. Il est relativement facile d'endurer de grandes souffrances, quand onest porté par une grande idée, soutenu par l'admiration ou les louanges des hommes. Etre grand dans lespetites choses, voilà la vraie sainteté, la vraie grandeur. - Peu importe par conséquent ma tâche, grande oupetite, honorable ou misérab...