Marie Dubarle: Le Saint-Suaire avant 1204, Communio 13/2 (1988) 106-17, ici 109ss:Première étape de la remontée dans le passé: Le Linceul était présent à Constantinople en 1204, lors de la pri-se de la ville par les forces de la 4e croisade et du pillage qui suivit. Le témoignage le plus frappant est celuid'un chevalier picard, Robert de Clari, qui vit le sydoine, ou linceul sépulcral du Christ, dans l'église deSainte-Marie des Blachernes, à l'extrémité Nord-Ouest de la capitale. Ce linceul portait l'image du Christ. Ildevait être de grande dimension, puisqu'il était dressé, afin qu'on pût bien le voir. Ce ne devait pas être un tissuliturgique quelconque, portant peinte ou brodée une figuration artistique: on s'expliquerait mal en ce casl'émotion produite par sa disparition lors du pillage qui suivit la prise de la ville. On supposerait plutôt qu'onlui attribuait un pouvoir protecteur efficace, comme c'était le cas pour les reliques insignes, D'où l'expositionrégulière chaque vendredi dans un sanctuaire proche du pont par lequel les croisés occidentaux, campés surl'autre rive de la Corne d'Or, pouvaient venir dans la capitale avant le temps de l'hostilité déclarée.Peu avant Robert de Clari, le gardien des reliques du Boucoléon, palais impérial situé à une extrémité opposéede la capitale par rapport aux Blachernes, Nicolas Mésaritès, énumère en 1201 les trésors dont il a la garde: di-vers instruments de la passion et "les linges sépulcraux du Christ, de lin, qui ont enveloppé l'ineffable Mort, nuet embaumé après la passion".Ces précisions sont illustrées par une miniature datée de 1192 à 1195, dans un manuscrit conservé actuelle-ment à Budapest. On y voit le Christ entièrement nu, étendu sur un grand linge, tandis que Nicodème, penchésur lui, répand sur la poitrine une fiole d'aromates. Les bras sont croisés et se recouvrent approximativementaux poignets, dans une position qui rappelle celle du Linceul, bien que ce ne soit pas, dans la miniature, lamain qui recouvre ...
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