DISCERNEMENT DES ESPRITS (Dictionnaire de Spiritualité)Jacques Guillet: I. DANS L'ÉCRITURE1. ANCIEN TESTAMENTL'AT ne connaît pas l'expression. Il fournit néanmoins plus d'un exemple où ce D est mis en pratique, et il luiest arrivé d'aborder la question d'un point de vue théorique.1° Pratique. L'AT1 présente une série de choix dans lesquels l'homme doit prendre parti: choix d'Adam (Gn2,17), de Caïn (4,7), d'Abraham (12,4), du peuple d'Israël (Ex 19,8; 24,3; Jos 24,15; Dt 28,1,15; Jug 5,2,8; 1 R19,21), puis de chacun de ses souverains. Apparemment, ce thème du choix n'a rien de spécifiquement biblique:le mythe d'Hercule à la croisée des chemins, contraint de choisir entre la vertu et le vice, traduit une expérienceuniverselle. Toutefois le choix que décrit la Bible a des traits particuliers. Il ne se pose pas entre la vertu et levice, entre des valeurs équivalentes, de signe contraire. Il comporte toujours une large part d'obscurité, il est im-posé par une autorité qui ne se laisse pas saisir et ne fournit pas de justification à ses exigences, il engage dansune voie dont on ne connaît pas le tracé, il ne fournit de lumière qu'au jour le jour. Bref, il s'impose toujours à lafoi, et il suppose chez l'homme qui adhère à ce choix la perception d'une valeur secrète, la reconnaissance d'unprix mystérieux attaché à l'exigence divine. Ce n'est pas seulement un choix, c'est déjà un D.Ce l'est d'autant plus qu'en face de la voix divine une autre voix s'élève, celle du péché (Gn 4,7), celle de Satan,l'adversaire de Dieu. Or cette voix a, elle aussi, quelque chose de mystérieux. Tantôt elle semble monter ducœur de l'homme et exprimer son propre désir (Gn 6,5; 11,4; Ex 32,9; Dt 32,5,20; Ps 95,10), tantôt il est clairqu'elle est distincte de l'homme et ne vient pas de lui, mais d'un personnage inquiétant, plus lucide et plus fortque lui, plus tenace et plus conscient dans ses desseins, mieux informé que lui des penchants de son proprecœur, et capable apparemment de pénétrer les int...
26
0