Ysabel de Andia: La passion du Verbe et la compassion de Dieu, Communio 5/1 (1980) 32-40La question: 'Dieu souffre-t-il?' ne porte pas seulement sur le Verbe incarné, mais sur la nature divine quiserait affectée par la passion du Verbe. Le terme 'Dieu' n'a pas exactement la même portée dans la confessionde foi: 'Dieu a souffert' et dans l'interrogation: 'Dieu souffre-t-il?', il y a 2 problèmes distincts et pourtant liés:celui de la passion du Verbe incarné et celui de la compassion de Dieu. Comment la passio Christi est unepassio Dei et quelle est la compassion de Dieu devant la souffrance des hommes?I. Dieu a souffert: St Ignace d'Antioche: "Laissez-moi être l'imitateur de la passion de mon Dieu' (Rm 6,3).Ce cri est l'expression spontanée de ce qu'on appellera plus tard le 'théopaschisme', doctrine qui affirme lasouffrance de Dieu, mais c'est avant tout la confession de la foi de l'Église, professée dans le symbole deNicée.'Dieu a souffert': cette affirmation, scandale pour les Grecs (Celse, Porphyre) comme pour les Juifs(Spinoza), est confessée par la foi chrétienne. Le réalisme de la passion est la conséquence de la réalité del'incarnation du Verbe. Selon St Irénée, le Verbe fait chair a récapitulé aussi l'homme en lui, d'invisibledevenant visible, d'insaisissable, saisissable, d'impassible, passible, de Verbe, homme" (Adv haer 3,16,6). LeVerbe s'est fait chair: le logos n'est pas venu dans un homme, ou ne s'est pas uni à un homme, mais il s'estfait homme. Il a récapitulé l'homme, c-à-d. qu'il a tout pris de l'homme en lui et c'est bien lui qui est le sujetdes souffrances de la chair. Tel est le sens de ce que dit St Athanase dans son 3e discours contre les Ariens:"De même que nous disons que le corps assumé par le Verbe est son propre corps, de même nous disons queles souffrances de ce corps ont été proprement les siennes, bien qu'elles ne l'atteignent pas en sa divinité. Sile corps qui souffrait avait été le corps d'un autre, c'est à lui qu'on attribuerait auss...