Gonzalez-Balado José Luis: TERESA, MERE DES PAUVRESParis, Apostolat des éditions - Ed. Paulines, 1977, 221p[45] Ne pas considérer les malheureux comme inférieurs, ni même comme des égaux. L'évangile leur attribueune dignité morale bien supérieure, car ils ressemblent plus directement au Christ. Ils sont - conformément àl'interprétation évangélique de Mère Teresa et de ses soeurs - le Christ en personne.[46] "Ce n'est qu'au ciel que nous pourrons nous rendre compte de tout ce que nous devons aux pauvres quinous ont tant aidés à aimer Dieu", phrase paradoxale qui révèle sa foi et la pureté de sa conception de l'amour.[97s] 'Homme affamé homme enragé' dit un proverbe italien. L'Indien, lui, est affamé mais pas enragé. La hainesociale entre pauvres et riches n'existe pas, ou presque pas dans le pays. Un riche peut se promener, endéployant son luxe, dans les quartiers les plus pauvres de Calcutta ou de New-Delhi. Personne ne l'apostropheraavec des cris de rancoeur, bien que nombre de pauvres le voient passer. L'Indien est pacifique et résigné: résignéà sa pauvreté, à sa condition sociale. Il a ce qu'il mérite: il n'essaie pas de s'en libérer. Cette résignation dont lefondement est religieux a, sur le plan social, un avantage, bien qu'elle comporte aussi un grave inconvénient.L'hindouisme prêche la métempsychose, la réincarnation. Chacun naît dans la caste qu'il mérite et doit s'yrésigner, en l'attente d'une réincarnation meilleure dans une existence future. La situation de chacun estdéterminée par son karma. Le karma est la résultante des oeuvres portées à terme dans les vies précédentes, cequi détermine l'incarnation ultérieure dans une caste.Comment les pauvres parias pourraient-ils se rebeller contre leur situation si la condition dans laquelle ils viventest précisément celle qu'ils ont méritée? La rébellion n'aurait d'autre effet que de les fixer pour le temps d'uneautre vie dans la triste condition où ils se trouvent. C'est là une attitude aliénante, mais très noble...
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