Ferd. Peeters, s.j.: Une visite à l'Eglise Saint-Charles d'Anvers, Office des Oeuvres catholiques, 1924Historique. (7-11)L'église Saint-Charles d'Anvers est l'ancienne église Saint-Ignace de la Maison Professe de la Compagnie deJésus. Elle appartient à la série d'édifices religieux rangés autrefois sous les rubriques fantaisistes de styleJésuite et de style Rubens ou Borroméen.Actuellement on substitue à ces vocables surannés celui de style baroque.1 Faute de mieux, gardons le termeen l'appliquant à cette manière nouvelle qui, après les travaux des italianisants de notre premièreRenaissance, tels que Coecke, Du Broeucq et De Vriendt, fut mise en honneur par Franquart et Coeberger etadoptée d'enthousiasme par tous nos architectes du XVIIe siècle.Les circonstances ne semblaient pas favorables à un nouvel essor de l'art national. Après une interminableguerre, l'artère vitale de la Belgique était coupée. L'Escaut, qui sous Charles-Quint, était la voie commercialela plus fréquentée de l'Europe, ne coulait plus vers la mer que des flots inutiles. Au lendemain de la reprised'Anvers par Farnèse (1585), les Hollandais avaient bouclé le beau fleuve. C'était la destruction de notrecommerce étranger et la ruine de nos populations. Mais qu'importe? Les Provinces-Unies accaparaient notretrafic et se vengeaient ainsi sur nous de leur querelle avec l'Espagne.Cependant l'impulsion artistique du siècle précédent avait été si vive que sa poussée s'exerça jusqu'au sein denotre détresse économique. L'esprit du peuple belge restait d'ailleurs optimiste et, sous l'action des ordresreligieux, il en fusait de belles énergies.Les Jésuites, si bien accueillis à leur retour2 par les catholiques d'Anvers, favorisèrent cette confiance enl'avenir qui caractérisa nos quelques années d'indépendance sous Albert et Isabelle. Sitôt la trêve de douzeans proclamée, ils songèrent à construire.Déjà, faute d'espace, leur collège, fondé en 1574 dans la maison d'Aix, avait dû émigrer vers la rue du Princeet ...
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