Le deuxième commandementRobert Le Gall: Les noms de Dieu dans la liturgie, Communio 18/1 (1993) 49-61, ici: 54ssDieu, Yahvé, Seigneur, le Nom: Tout adjectif ou attribut a besoin d'un substantif auquel il puisse s'accrocher.Certes, il est possible de substantiver des adjectifs car on dit de Dieu qu'il est le Tout-Puissant, le Majestueux, leTrès-Haut, la Bonté, la Justice et la Miséricorde, faisant de ces substantifs abstraits le plus concret et le pluscomplet des êtres, l'Être même. Mais notre langage a besoin d'un mot qui nomme cet être autrement que par desmots communs élargis à l'infini grâce à la voie d'éminence symbolisée par la majuscule. Ce nom est Dieu.Dieu: Theos en grec, Deus en latin, Dio en italien, Dios en espagnol, Dieu en français sont des mots issus de lamême racine indo-européenne div qui signifie primitivement 'briller' ou 'le ciel'. Spontanément, l'esprit et lecoeur de l'homme voient au ciel ou dans la gloire Celui dont il vient et dont il dépend vitalement. Dans leslangues germaniques, la divinité est nommée non à partir de la lumière, mais à partir de la bonté: good, gut.Tel qu'il est, ce nom de Dieu est nom propre et nom commun. Il serait irrévérencieux, même blasphématoire dedonner le qualificatif de 'commun' au nom de Dieu, car si Dieu est unique, ce nom ne peut que lui être propre.Mais le polythéisme a toujours existé, ce qui oblige à utiliser le mot de 'dieu' avec une minuscule et au pluriel:il est bien en ce cas un nom commun à tous les dieux, soit dans une religion, soit dans toutes les religions.En hébreu, le même jeu du singulier et du pluriel existe entre él (le 1er sens de ce mot est 'fort, puissant', puis'force, puissance') et élohim, entre Dieu et les dieux (les faux dieux ou les êtres divins comme les anges, lesrois, les juges). Nom propre du dieu suprême dans le panthéon phénicien, Él, est le nom commun de la divinitédans le monde sémite. En Israël, Él et Élohim désignent le vrai Dieu, mais plus encore le nom d'Éloah, qui,exclusive...
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