Docteur René Biot: Poussière vivante, Je sais-je crois, Paris, Fayard, 1956, pp.67-109CHAPITRE 3. POUSSlERE ANIMÉE PAR L'ESPRITAvant d'aborder la nouvelle étape qui s'ouvre devant nous, faisons halte un instant et jetons un coup d'œild'ensemble sur le chemin parcouru: cela nous aidera à mieux discerner la route sur laquelle nousprogressons.Une première investigation nous a fait retrouver, dans l'homme que nous sommes, les substanceschimiques qui constituent la matière; et notre corps s'est montré soumis aux mêmes forces physiques quecelles qui président aux équilibres des matériaux inertes.Après quoi, en le regardant dans ses manifestations biologiques, la poussière dont il est pétri s'est révéléecomme marquée de ce sceau spécifique que l'on résume par le mot: vie. Ces manifestations corporellesde l'activité vitale, s'il est vrai qu'elles se présentent chez l'homme plus perfectionnées, plus riches enmodalités d'efficience, il n'en reste pas moins qu'elles sont identiques, dans le fonds vital, avec celles quemontrent les autres organismes vivants. Tant et si bien que l'observateur qui s'en tiendrait à ce que luirévèlent les sciences auxquelles il vient jusqu'alors de demander la lumière pourrait être tenté de nousenfermer dans les limites du monde animal. Mais en agissant de la sorte, cet observateur obéirait - peut-être à son insu du reste - à un despotisme inacceptable qu'exerceraient ces sciences.Lorsque le chimiste étudiait les corps qui constituent l'être vivant, et découvrait les lois qui imposent leurdéterminisme aux réactions biologiques, il faisait - volontairement - abstraction de la vie qui anime cetêtre. Pareille élimination est parfaitement légitime, telle est l'exigence de la discipline scientifique àlaquelle le savant s'adonne alors: la chimie, en tant que telle, ne connaît que les échanges des moléculesinertes. Cela étant bien entendu, rien d'étonnant que la vie ne révèle pas son secret au chimiste: elle netombe pas sous son regard. Mais si, au nom de...
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