Louis BOUYER: Des théologiens et de leur(s) liberté(s), Communio 5/2 (1980) 89-93Les théologiens ont parfaitement le droit une liberté scientifique absolue, que d'ailleurs nul ne conteste. Il setrouve que cette liberté même suppose que soit donné un ce objet de la recherche. Or cet objet - la foi auChrist - vient de la communauté chrétienne, qui seule l'expérimente. Les théologiens dépendent donc pardéfinition de l'autorité pastorale qui préside cette communauté: les évêques et le premier d'entre eux.Depuis quelque temps, l'autorité pontificale a cru devoir prononcer, après de multiples mises en garde,quelques condamnations, d'ailleurs des plus modérées. Aussitôt la clameur du haro s'élève: on ramènel'inquisition, on foule aux pieds le Concile! Surtout ce pape, qui ose défendre la liberté et particulièrement laliberté religieuse, en fait, pour son compte, vise à la supprimer dans l'Eglise! C'est donc la fin del'oecuménisme, la fin de toute 'recherche', de nouvelles affaires Galilée en perspective, etc.Tout ceci est ridicule, parce qu'il n'y a aucune persécution, aucun étouffement de la vérité: simplement ondemande à des gens qui proclament à cor et à cri qu'ils ne sont plus catholiques, voire plus même chrétiens,de tirer la logique de leur opposition et de ne plus prétendre imposer leurs vues aux fidèles en enseignant, aunom de l'Église catholique et de sa légitime autorité, le contraire de ce que croient tous ses baptisés qui nerenient pas leur baptême, le contraire de ce que ses évêques ont juré de maintenir et défendre en toutescirconstances.On joue sur les mots, comme si la liberté de la recherche, nécessaire à la théologie comme à toute disciplinescientifique, pouvait être confondue avec la liberté d'enseigner n'importe quoi. Que penserait-on d'ungéologue, par exemple, qui, au nom de cette liberté, prétendrait pouvoir garder sa chaire magistrale dans unefaculté des sciences en enseignant que la terre est faite de fromage mou? On lui riait au nez simplement! Onr...
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