Dominique Lambert & Valérie Baul-Boncour: Scientifique et croyantParis, Ed. De l’Emmanuel, 2011Le chanoine Lemaître1, qui avait proposé, en 1931, l'hypothèse de l'atome primitif, prémisse de la notion deBig Bang, se voyait constamment reprocher d'avoir promu cette hypothèse pour des raisons apologétiques.Einstein lui-même ne voulait pas entendre parler de l'hypothèse qui faisait trop penser, disait-il, à la création.Pour la même raison, toute une série de cosmologistes étudiaient, à l'instar de Bondi, Hoyle et Gold, unmodèle d'univers sans commencement (le modèle cosmologique de l'état stationnaire). Pour éviter toutesuspicion de récupération théologique de son hypothèse, qu'il considérait, à raison, comme douée d'uneautonomie effective par rapport à la notion métaphysique de création, Lemaître se forgea la thèse dite des“deux chemins vers la vérité”. Celle-ci souligne l'existence de voies différentes pour découvrir la vérité, cellede la Science et celle de la Foi, les deux ne devant pas interférer l'une avec l'autre:There were two ways of arriving at the truth. I decided to follow them both. Nothing in my working life,nothing I have learned in my studies of either science or religion has ever caused me to change that opinion. Ihave no conflict to reconcile. Science has not shaken my faith in religion and religion has never caused me toquestion the conclusion I reached by scientific methods2.[Il y a deux chemins pour parvenir à la vérité. J'ai décidé de les suivre tous les deux. Rien durant toute ma vieprofessionnelle, rien de ce que j'ai étudié en science ou en religion n'a jamais pu me faire changer d'avis. Jen'ai pas eu de conflit à résoudre. La science n'a jamais pu ébranler ma foi dans la religion et la religion ne m'ajamais entraîné à remettre en question la conclusion que j'ai obtenue par des méthodes scientifiques.]Pour le père du Big Bang, il n'existait pourtant pas une fracture radicale entre Science et Foi, car les deuxtrouvent leur unité dans l'activité ...