Nicolas Baverez: Sur la guerre juste, Communio 17/2-3 (1992) 211-27, ici: 215-217Selon St Thomas, 3 conditions doivent se trouver réunis pour que la guerre, péché contre la paix, soit juste:1° la légitimité de l'autorité qui la déclare et la conduit: le prince, représentant de l'autorité souveraine ayant laresponsabilité de la défense du bien public de la cité à l'intérieur comme à l'extérieur, a le monopole del'exercice de la violence;2° l'existence d'une cause juste, qui suppose que l'ennemi ait commis préalablement une injustice ou une fautequi demande réparation; 3° la droiture de l'intention, liée au but poursuivi (st Augustin: "on ne cherche pas lapaix pour faire la guerre, mais on fait la guerre pour obtenir la paix", Ep 189, PL 33:856) et aux moyens utilisés(st Augustin: "le désir de nuire, la cruauté dans la vengeance, la violence et l'inflexibilité d'esprit, la sauvageriedans le combat, la passion de dominer et autres choses semblables, voilà ce qui dans les guerres est jugé.coupable par le droit", C. Faust. 22,74, PL 42:447).Il faut aborder la guerre sous l'angle de ses finalités et de la licité des moyens employés par les belligérants.Deux principes supplémentaires sont avancés, la légitime défense et la proportionnalité de la riposte àl'agression: "Un acte accompli dans une bonne intention peut devenir mauvais quand il n'est pas proportionné àsa fin. Si donc, pour se défendre, on exerce une violence plus grande qu'il ne faut, ce sera illicite. Mais si l'onrepousse la violence de façon mesurée, la défense sera licite" (ST 2-2 64,7 ad 1).La guerre juste, qui doit être morale par les buts qu'elle poursuit, et légale par les moyens qu'elle utilise, estdonc doublement limitée. La réintégration des belligérants dans une communauté pacifique exclutl'anéantissement de l'adversaire; la proportionnalité des moyens aux fins encadre l'exercice de la violence. Sousréserve de variations mineures, les 5 critères fondamentaux de la guerre juste demeurent: la légitimité...