Robert Slesinski: Le Nom de Dieu dans la tradition byzantine, Communio 18/1 (1993) 62-75Dans la tradition chrétienne byzantine, le trésor liturgique manifeste une saisissante vénération du Nom deDieu. Un témoignage en est la doxologie finale des anaphores de Chrysostome et de Basile: "Et donne-nousde glorifier et de chanter d'une seule voix et d'un seul coeur ton Nom vénérable et magnifique, Père, Fils etSt-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles". Les doxologies de ce type abondent tout aulong des services liturgiques de l'Église byzantine. Elles manifestent et forment l'âme orientale. Ce qui estvrai pour la prière byzantine liturgique l'est également pour la dévotion privée. En fait, si la traditionspirituelle du christianisme byzantin est parfois considérée, à tort, comme synonyme d'une forme particulièrede dévotion, la tradition hésychaste, qui se trouve incluse dans la spiritualité byzantine, avec sa dévotioncaractéristique â la prière du coeur inscrite plus particulièrement dans une simple prière, la Prière de Jésus,c'est cette prière qui montre le mieux l'esprit byzantin à l'égard du Nom de Dieu.Il n'est pas surprenant que cette 'puissance du Nom' ne soulève pas de questions dans la conscience orientale.Les racines juives du christianisme se révèlent pleinement dans ce phénomène. La notion de nom commepoint central du discours humain constitue l'un des aspects indiscutables de l'esprit hébraïque. Pour les Juifs,le nom d'une chose ou d'une personne renferme le noyau secret, la nature de cet être. C'est par son nomqu'une personne se manifeste. Connaître quelqu'un, c'est connaître son nom. Non seulement le nom exprimele destin d'un objet ou d'un sujet particuliers, mais le constitue, lui fournit sa cause finale ou sa raison d'être.Une autre dimension du nom intervient également: la capacité même d'appeler quelque chose ou quelqu'unpar son nom donne puissance au sujet connaissant. La Genèse lui-même offre déjà une base cette thèse.Lorsque D...
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